Le choix de King’s College
Arthur B. : “L’établissement est bien classé, très tourné vers l’international, avec de nombreux débouchés. Beaucoup de matières sont enseignées, et il est très intéressant de se mêler à des étudiants qui font de la médecine, de l’art, ou de la psychologie, et de ne pas se trouver dans une université trop segmentaire.
Je suis parti à Londres car je trouvais l’admission difficile en France, au vu de mon parcours. Il m’aurait été impossible d’intégrer un master de finance sans jamais avoir étudié l’économie auparavant. Dans le système anglo-saxon, c’est différent : pour étudier un Master, on ne va pas prendre en compte ce que vous avez étudié auparavant. Les élèves ont la possibilité de vraiment intégrer le cursus qu’ils souhaitent, s’ils répondent aux attendus de l’établissement.
King’s College est vraiment spécialiste sur ce point, à savoir qu’on peut avoir fait des études en latin, mais décider qu’on peut faire de l’économie, sans faire barrage à l’étudiant en lui demandant le GMAT. Tout le monde peut le faire si les moyens prêtent à l’admission.
Il s’agit donc d’une université plus ouverte, plus pluridisciplinaire. J’ai pu étudier la finance avec un profil complètement littéraire alors que j’avais arrêté les maths en seconde. J’ai aussi rencontré une étudiante écossaise qui était violoniste, mais qui avait décidé de faire de la finance également. Tout est possible.”
Comment se passe l’admission à King’s College ?
Arthur B. : “Elle se fait à 90 % sur dossier, mais il existe des cas où les professeurs hésitent sur la qualification des candidats. Dans ce cas, un entretien peut avoir lieu, généralement entre août et septembre. Dans les universités anglo-saxonnes, il faut s’inscrire sur le site internet de l’université. Les frais de dossier vont de 90 € à 120 € par dossier. À partir de là, le dossier est mis en étude pendant un mois, un mois et demi. Après cette étude, la réponse est extrêmement claire : soit c’est oui et vous êtes pris, soit c’est oui mais on passe d’abord un entretien, soit c’est un refus.
Parmi les documents à transmettre :
- Le relevé de notes du baccalauréat ;
- Les relevés de notes des trois premières années de licence et de Master 1 traduits en anglais ;
- Un CV à jour ;
- Une lettre de motivation d’une page, où vous mettez plus l’accent sur le plan personnel (activités, expériences personnelles) ;
- Il vous faut deux recommandations de professeurs ;
- Il est possible d’avoir une recommandation professionnelle.
En plus des frais de dossier à payer, tous les diplômes doivent être traduits par un huissier ou un dépositaire d’autorité. Le prix pour ces procédures peut monter jusqu’à 300 €. Dans mon cas, j’ai dû laisser 450 € de frais de traduction pour la première année à King’s College : il fallait compter entre 40 € et 50 € par page donc l’addition peut vite être salée, c’est à prendre en compte !”
As-tu passé un test d’anglais ?
Arthur B. : “Vous devez obligatoirement passer un test d’anglais si vous n’avez jamais étudié dans cette langue. Personnellement, je m’y suis pris assez tôt, parce que j’avais déjà l’idée de faire des études à l’étranger avant d’entrer en prépa. J’ai préparé deux tests :
- Le Cambridge Certificate, que je trouve meilleur car on peut l’avoir à vie par rapport au TOEFL ou à IELTS qui ne restent valables que deux ans ;
- Le TOEFL pour l’entrée dans une université américaine qui m’intéressait, Georgetown.
Pour m’entraîner à ces tests, je m’y suis pris de deux manières :
- J’ai acheté un livre de référence pour me préparer au Cambridge ;
- Je me suis entraîné sur Internet pour le TOEFL. J’ai trouvé des exercices gratuits sur plusieurs sites.
Le Cambridge Certificate est suffisant pour intégrer King’s College, en soi je n’avais pas besoin de soumettre les résultats du TOEFL en plus.”
Faut-il passer des tests comme le GMAT pour intégrer King’s College ?
Arthur B. : “À King’s, vous pouvez faire de la finance sans passer le GMAT et ce sont exactement les mêmes cours que dans les autres universités anglaises qui le demandent. C’est un gros point positif pour King’s College ! Sur cinq universités à Londres, il y en a quatre qui demandent le GMAT.”
Qu’est ce qui a plu aux recruteurs dans ton dossier ?
Arthur B. : “Je pense que c’est dû à mes bons résultats, vu que j’étais un élève très appliqué et très sérieux, et ma motivation était énorme. Dans ma lettre de motivation, j’ai vraiment essayé de convaincre de ce que le système anglo-saxon allait m’apporter, et j’ai également utilisé l’argument que les grands philosophes grecs étaient de grands scientifiques, pour faire le lien entre la philosophie que j’avais étudiée et les mathématiques.
Dans le dossier d’admission, il faut aussi soumettre un article ou un papier que l’on a écrit et publié en anglais. J’avais justement publié un article sur l’entrecroisement entre des disciplines scientifiques et des disciplines un peu plus molles, comme la philosophie, qui allait dans ce sens. Le fait d’évoquer que deux matières diamétralement opposées puissent s’entrecroiser pour accomplir quelque chose a potentiellement joué en ma faveur et m’a permis d’être admis.”
As-tu passé un entretien ?
Arthur B. : “Je n’ai pas été convoqué à un entretien, et je pense que c’est parce que je me suis rendu à des portes ouvertes à Londres. J’ai vraiment insisté pour visiter King’s College, pour m’intégrer à la vie étudiante en une journée dans ce lieu. Je pense que certains professeurs s’en souviennent, et c’est généralement les mêmes qui étudient votre dossier d’admission.
Certes, ce n’est pas quelque chose qui se fait beaucoup dans le système français et ça peut paraître bizarre voire intimidant, mais se rendre aux portes ouvertes des établissements et se présenter aux professeurs peut être très bénéfique ! Les professeurs anglais sont très accessibles. Il suffit de leur expliquer notre projet, de leur dire qu’on va candidater, et souvent ils donnent leur adresse mail pour qu’on puisse les recontacter et se rappeler à leur bon souvenir au moment de postuler.
Le système anglo-saxon est vraiment axé sur l’oralité, qu’une personne vienne comme ça et s’adresse directement aux professeurs est un geste bien apprécié. J’avais parlé à plusieurs amis qui étaient aussi dans le système anglo-saxon, et ce sont eux qui m’avaient expliqué que l’admission fonctionnait aussi de cette manière. C’est comme candidater à un stage, et constituer un réseau. Il faut oser le faire, et poser des questions à des professeurs référents”.
Comment as-tu fait pour financer tes études à Londres ?
Arthur B. : “Pour la première année, j’ai bénéficié de l’aide de ma famille et j’ai aussi travaillé en tant que barman. Le rythme était assez dur car il fallait travailler tard et il y avait les cours à côté, mais j’étais au contact des locaux et c’était vraiment super pour m’immerger et parler la langue.
Pour la seconde année d’étude, j’ai préféré faire un crédit pour avoir un rythme plus tranquille et ne pas être obligé de travailler. En combinant les prix de la première et de la deuxième année, j’ai eu un crédit de 45 000 €, que je finance aujourd’hui avec mon travail actuel, qui est à mi-chemin entre les sciences humaines et la finance.
Je ne regrette pas mon prêt comme il est fondateur de ce que j’exerce actuellement. Je me dis que c’est bien d’avoir investi dans mes études. Aujourd’hui, je travaille avec des investisseurs en milieu hospitalier et des laboratoires, dont certains qui développent des traitements anticancéreux dans des thérapies ciblées. Je travaille avec le ministère de la santé et le ministère de l’économie et des finances, pour essayer de trouver des fonds ou des partenariats avec des cancérologues ou autres”.
La vie au sein de King’s College
Comment étaient les cours à King’s College ?
Arthur B. : “Évidemment, je me suis retrouvé en cours avec des étudiants qui avaient toujours fait des mathématiques, donc c’était très challenging !
Les cours étaient extrêmement intéressants, mais les professeurs misent énormément sur l’autonomie des étudiants. Sur cinq jours, je n’avais cours que trois jours. Il faut être vraiment intéressé par la discipline que l’on veut étudier, et quand même être organisé et cadré, sinon on peut vite se laisser aller. Il y a beaucoup de travail personnel, il faut préparer les cours soi-même en lisant les documents donnés par les professeurs. Il faut donc faire preuve de beaucoup d’autonomie et réussir à se gérer soi-même.Même un bon élève qui aime beaucoup sortir et qui ne révise pas tellement peut être débordé. Le piège réside dans le fait que, si l’on ne travaille pas, on ne sera pas sanctionné directement. C’est ce qui m’est arrivé une fois pour un cours qui ne m’intéressait absolument pas. Le professeur voyait que je n’avais pas spécialement travaillé, mais ne m’a jamais fait aucune remarque. En revanche, le manque de travail et de rigueur se fait cruellement ressentir au moment des examens, à la fin de l’année. Si l’on n’a pas travaillé suffisamment, on peut avoir de mauvaises notes et rater ses partiels, ce qui est catastrophique. Il faut faire attention car les examens de fin d’année comptent pour 75 voire 80 % de la notation. Le reste du pourcentage est basé sur les mid-terms exams, qui durent une heure ou deux. Il faut donc veiller à travailler de manière régulière, tout au long de l’année, pour pouvoir réussir à la fin.”
Quelle est la relation que les étudiants entretiennent avec les professeurs ?
Arthur B. : “Les profs sont très accessibles, c’est vraiment surprenant. Il m’est déjà arrivé de poursuivre un cours dans un bar ou un restaurant et de manger avec le prof. C’était une ambiance très détendue. Certains TD se font sous forme de discussion : parfois, les élèves ne prennent même pas de notes tellement ils sont captivés. Ce n’était pas vraiment cadré comme les cours en France, c’était assez oral.
Les professeurs sont donc un peu plus familiers. Pour des élèves timides, c’est plutôt soulageant. Au Royaume-Uni, il y a moins de distance entre les élèves et les professeurs qu’en France.”
Comment était l’ambiance sur le campus ?
Arthur B. : “Il y avait une vie après les cours, même au sein de l’université. C’était vraiment génial. Sous l’université, il y a un bar où les étudiants et les professeurs peuvent se rendre après les cours. C’est une ambiance assez festive, il est vraiment facile de s’intégrer. En plus, les étudiants viennent de partout, le campus est très polyglotte, c’est un melting pot culturel.”
Quels sont les conseils que tu pourrais donner aux étudiants qui souhaitent intégrer King’s College ?
Se préparer tôt
Arthur B. : “Pour bien se préparer, il faut s’y prendre facilement un an à l’avance. On peut se laisser surprendre par les délais, et il faut en plus valider un bon niveau d’anglais dès la Terminale, en privilégiant le Cambridge Test qui est davantage regardé au Royaume-Uni.”
Réfléchir à ses référents
Arthur B. : “Je préconise des recommandations de professeurs qui soient stratégiques et réfléchies, c’est-à-dire avoir un professeur qui va dire par exemple : « cet élève n’a pas eu les meilleurs résultats, mais il a été le plus motivé », « il a trouvé beaucoup d’intérêt pour cette matière », ou « cet étudiant a beaucoup progressé ». Il faut être intuitif et parler en amont avec les professeurs.
Dans mon cas, pour intégrer une université d’économie, j’ai été recommandé par mon professeur de français. On n’est pas recommandé par rapport aux matières ou aux notes qu’on a eues, on est jugé sur notre profil, parce qu’on est travailleur, parce qu’on participe en classe, qu’on est curieux et impliqué.”
Penser aux portes ouvertes
Arthur B. : “Il faut penser aux portes ouvertes comme un élément stratégique certain, où vous faites la différence en allant vous déplacer. Certes, il y a un coût à prendre en compte. Tout le monde ne peut pas aller en Angleterre, parce qu’il faut faire le déplacement et se loger, que l’on peut habiter loin… mais si on a les moyens de le faire, il ne faut pas hésiter et aller se présenter aux professeurs !”
Soigner sa lettre de motivation
Arthur B. : “La lettre de motivation est une pièce maîtresse qui peut s’organiser en deux ou trois parties. Elle doit être en lien avec votre personnalité et votre parcours de vie. Même en parlant de résultats dans certaines disciplines, on doit dire pourquoi cet auteur nous a intéressé, pourquoi ce modèle d’économie nous a intéressé… N’hésitez pas à parler de vous, et dites-vous que vous devez sortir quelque chose qui vous différencie des autres. Soyez authentique et personnel !”
Anticiper la traduction des documents
Athur B. : “Prenez le temps de faire traduire vos documents par un officier assermenté, comme ça va prendre beaucoup de temps. Certaines grandes universités françaises le proposent, mais pas toutes. À l’époque, l’université de la Sorbonne ne proposait pas ce service par exemple, car il n’y avait pas de traducteurs assermentés, donc il faut prévoir cette éventualité.”
Vérifier ses courriels
Arthur B. : “Vérifiez bien vos emails car les résultats sont donnés entre août et septembre pour des admissions qui commencent en octobre. Les délais sont très courts ! Dans mon cas, j’avais reçu une réponse positive le 16 septembre alors que les cours débutaient le 1er octobre. Je n’ai eu que deux semaines pour préparer mon départ et chercher un logement, donc il faut prévoir de s’organiser à la dernière minute et s’attendre à tout faire dans la précipitation. Pensez aussi à prendre une assurance pour vous couvrir sur place, c’est très important !”
Soyez autonome
Arthur B. : “Travaillez votre autonomie et vos prises de notes, car le système anglo-saxon peut extrêmement bien récompenser votre travail, comme il peut facilement donner des notes improbables. Ne faites pas une université anglo-saxonne juste pour le CV, car vous n’aurez ni titres, ni diplômes si votre année n’est pas validée, et vous dépensez des frais de scolarité qui ne sont pas remboursés. Si vous ratez votre année, c’est raté et vous êtes endettés. Même si vous dépensez des milliers d’euros, ça ne vous garantit en aucun cas de valider votre diplôme à la fin de votre cursus.”